Depuis décembre 2024, un procès civil réunit neuf femmes qui allèguent avoir été victimes d’agressions sexuelles de la part de Gilbert Rozon. Ce procès fait suite à une poursuite criminelle s’étant conclue par un acquittement en 2020.
Dans cet article ci, il ne sera pas question de relater le déroulement de ce procès médiatisé, ni d’en dresser un portrait détaillé. De nombreux articles à ce sujet sont déjà accessibles en ligne. Plutôt que de mettre l’emphase sur l’agresseur présumé, choisissons de la porter sur les victimes. Après tout, c’est ce qu’on enseigne aux jeunes : de ne pas accorder d’importance à l’agresseur mais de concentrer notre énergie, notre écoute et notre soutien sur la victime.
D’abord, nous ne pouvons passer sous silence la force et le courage de ces femmes qui ont dénoncé les comportements inacceptables de Gilbert Rozon. Elles traversent un long processus judiciaire, exigeant et souvent éprouvant. D’ailleurs, ce procès illustre bien ce que vivent de nombreuses victimes lorsqu’elles brisent le silence et dénoncent leur agresseur : leur parole est remise en question, les moindres détails de leur vie sont scrutés, on leur fait porter une part de culpabilité. Trop souvent encore, elles sont méprisées, rabaissées, voire invisibilisées. Alors comment ne pas s’interroger sur l’idée – malheureusement encore répandue – selon laquelle le système judiciaire serait adapté aux victimes? N’est-ce pas de la désillusion de croire qu’il n’existe plus de mythes ou de préjugés entourant les agressions sexuelles, alors même que ces femmes doivent se battre pour faire reconnaître leur vécu? Une dimension troublante dans ce procès réside dans la démarche de M. Rozon visant à contester deux articles récents du Code civil : l’un interdisant les questions fondées sur des mythes et stéréotypes l’autre abolissant le délai de prescription en matière d’agression sexuelle. Ce geste nous rappelle à quel point certains acquis restent fragiles.
Dans les prochaines semaines ou les prochains mois, ce procès prendra fin. Mais peu importe le verdict – que ces soit pour les victimes de Gilbert Rozon ou pour toutes les autres –, notre message demeure inchangé : on vous croit. Et rappelons à la population : un acquittement ou une décision de non culpabilité ne signifie pas qu’un geste n’a pas été posé. Ce n’est pas parce qu’une cour ne reconnaît pas une faute que la violence n’a pas eu lieu.