En novembre dernier, le journaliste Simon Coutu diffusait sur les ondes de Télé-Québec un documentaire intitulé Alphas. Ce dernier enquêtait sur le phénomène montant des influenceurs prônant des valeurs conservatrices, ainsi que la consolidation d’une masculinité de force et de pouvoir. Cela, disent-ils, c’est pour faire face à la crise de la masculinité qui aurait lieu en ce moment. Pourtant, le chercheur et professeur politiste à l’université du Québec à Montréal, Francis Dupuis-Déri, nous renseigne que cette dite crise de la masculinité a plusieurs fois été proclamée au fil de l’histoire, dans les moments où les femmes acquéraient des droits et du pouvoir sur leur propre vie : la crise de la masculinité serait donc un mythe. Cela signifie-t-il pour autant qu’il n’y a pas de problème? Que les souffrances des hommes ne sont pas valides? Le documentaire de Jean-Nicolas Verreault Les gars, il faut qu’on se parle met en lumière des paroles d’hommes et de professionnels de la santé pour tenter d’aborder le problème d’un autre angle.
Dans ce documentaire, le réalisateur et comédien part à la rencontre des différentes expériences d’hommes qui sont passés au travers de défis de santé mentale. Il fait également intervenir une psychologue et un travailleur social, afin qu’ils enrichissent le tout de leur connaissance professionnelle du sujet. Les hommes qui sont rencontrés sont parfois jeunes, parfois vieux, artistes ou sportifs. Il y a notamment Hugo Giroux, un homme qui a perdu plusieurs proches par le suicide. Ce dernier nous parle de son parcours et de la valeur de la vie. Puis c’est Fabrice Vil, un homme qui a vécu son premier épisode psychotique vers la fin de la trentaine alors que rien ne semblait l’en prédisposer, qui partage son expérience.
Au travers de ces témoignages recueillis aussi au sein d’une relation père-fils, d’une chambre de Hockey ou d’un groupe de soutien pour hommes, nous réalisons que le mal-être vécu est valide et mérite d’être entendu. Dans une société où les inégalités sociales se renforcent et où la santé mentale n’est pas une priorité, il est normal que la souffrance augmente. Dans une culture valorisant pour les hommes une force et une contenance qui nie les émotions, il est normal que ces dernières ne s’expriment que lorsqu’il est trop tard. Dans les paroles partagées dans ce documentaire ressortent ce grand besoin que nous avons, nous humain-e-s, à partager nos émotions et à nous sentir écouté-e-s, entouré-e-s et accepté-e-s au travers des petites, moyennes et grosses épreuves. Également, le besoin d’apprendre à se connaître soi, de s’aimer tel qu’on est et de prendre responsabilité pour notre vie. Le documentaire les gars, il faut qu’on se parle, disponible sur Noovo, nous permet de voir et d’entendre des preuves vivantes qu’il est possible d’améliorer sa vie en allant chercher de l’aide.
Et si on admettait qu’il est impossible de tout contrôler, qu’il est impossible d’être suffisamment fort et puissant pour être en complète maitrise? Et si on lâchait prise sur nos idéaux et acceptait de se rencontrer tel-le-s que nous sommes? Qui découvririons nous? Dans un monde de plus en plus clivé, et si entrer en relation avec nous-même nous traçait le chemin de l’empathie, celle-là même qui est nécessaire pour entrer en relation avec l’autre?